Lorsque tout à coup, la belle histoire d'amour que l'on a vécue, tendre, honnête, sincère, se termine, on a l’impression que la Terre s'arrête de tourner, que l'on fait une chute de 14 étages, que l'on se prend un camion en pleine face. Et on pense qu’on ne pourra jamais plus aimer quelqu’un de toute sa vie, du moins pas aussi fort, intensément et passionnément. Evidemment sur le coup, cela parait impossible. Pourtant, tout le monde vous dit qu'"on finit toujours par s'en remettre", que "ça va aller".
Sur le moment, qui n'a pas envie de hurler à l'écoute de cette phrase, qui nous paraît si ridicule tant on est persuadé que personne ne peut nous comprendre et l’on ne s’en remettra jamais? ! On a la sensation qu’on nous a littéralement arraché le cœur. Et pourtant il va certainement falloir faire le deuil de cette relation, de ce que l’on a été pour l’autre et de ce que l'autre a été pour nous. Et recommencer.
(comment faire le deuil d'une rupture : article à venir)
Recommencer ? Aimer à nouveau ? C'est possible ? Mais peut-on véritablement aimer plusieurs fois? Aussi fort ? N’a-t-on qu’un seul grand amour dans sa vie ?
C'est quoi l'amour ?
(vous avez 4 heures)
Non plus sérieusement et sans me prendre pour Freud non plus...
L’amour est un sentiment, donc une notion totalement subjective. On ne peut espérer le mesurer ou le définir. C'est tellement spécifique et vaste à la fois. Alors comment en avoir une définition plus précise mais qui conviendrait en même temps au plus grand nombre ?
Selon le dictionnaire, l’amour est un « sentiment vif envers une personne, une inclination, un attachement mêlant la tendresse et l’attirance physique entre deux êtres ».
L’amour tout simple est déjà difficile à expliquer, alors le grand amour... !
Une alchimie parfaite entre deux personnes, une attraction des cœurs et des corps, une évidence pour la vie? On pourrait utiliser tout le vocabulaire dont nous disposons pour tenter une description, elle resterait personnelle et subjective.
Devant ce vaste sujet, on se pose donc légitimement la question : peut-on aimer aussi fort et de façon aussi évidente plusieurs fois dans sa vie ?
La vie
Nous parlions donc en introduction de cette fameuse rupture amoureuse qui nous a laissé vide, nous donnant l’impression que plus jamais on ne pourra donner à une autre personne tout l’amour qu'on a déjà donné précédemment.
Pourtant trois étapes se dessinent dans notre vie sentimentale qui semblent correspondre à trois types d’amour, trois manières d’aimer, comme si avec les années, en apprenant à nous connaitre et en devenant vraiment nous-mêmes, on faisait un parcours initiatique pour atteindre la maturité et notre vrai NOUS, et ainsi prendre pleinement conscience de l’amour que nous méritons, que nous désirons et que nous pouvons donner :
- L'Amour de jeunesse : le gendre idéal/belle fille idéale ou tout leur contraire, qui répond à toutes les attentes idéales de nos proches, ou à l'inverse incarne un véritable acte de rébellion.
- Le(s) amour(s) douloureux : qui nous fait/font plus souffrir qu'aimer, mais aussi qui nous apprend/nent ce que nous voulons vraiment !
- Le dernier amour : le Grand Amour, enfin ? Celui qu’on n’attend pas/plus, qui ne répond pas forcément aux critères qu’on avait en tête à la toute base.
Donc il semblerait qu'il faut souvent du temps pour connaitre enfin ce grand amour.
Même si on regrette de ne pas avoir fait cette rencontre plus tôt... Parce que ce n’est pas le premier/ la première qu’on a épousé.e, avec qui on a eu des enfants, tous les fantasmes de contes de fée auxquels on croyait... en fait la vie, ce n’est pas ça !
Le conte de fée
Qui a dit qu'une seule personne devait être celle de toute une vie ?!
"Je pensais que c'était l'homme de ma vie", "et puis un jour tu rencontres cette personne qui te fait comprendre pourquoi ça n'a pas fonctionné avec une autre"
Finalement une personne ne serait-elle pas plus UNE personne de CE morceau de vie, plutôt que LA personne de TOUTE la vie...
Plus qu'un conte de fée, cette idée est un vrai "concept", un "phénomène", un fait qui a bien existé durant de nombreuses années par le passé !
Mais finalement, n'est-il pas juste désuet ?
Ce concept qu'on l'on vivait (subissait?) à l'époque, dont les codes ont été transmis aux générations suivantes n'a-il pas simplement fait son temps ?
Pourquoi dans le passé était-il plus simple de passer toute sa vie avec une seule et même personne ?
Les moeurs l'obligeaient plus ou moins, le monde était moins peuplé et offrait donc mathématiquement moins de personnes à rencontrer, on disposait de moins de facilités pour rencontrer des gens, moins de mobilité, moins de moyens de communication...
En fait on ne connaissait qu'une seule personne pour la vie, comme lorsque, selon les époques, on avait une même voiture pendant 30 ans, une seule paire de chaussures, une seule tenue du dimanche, un seul métier... pour les relations c'était pareil !
Pour continuer avec la métaphore du travail...
Aujourd'hui au même titre qu'on n'exerce plus seulement un même métier, on n'a plus un seul patron durant toute sa vie, mais une carrière épanouie et changeante, et non pas LE job de sa vie mais LES jobs, on pourrait aisément imaginer aimer plusieurs personnes tout au long de sa vie...
Pourquoi ce changement dans le monde du travail ? Idem, car il y a des opportunités partout, car c'est plus facile de trouver du boulot, de postuler, il y a beaucoup d'annonces, beaucoup de moyens de communication pour trouver ces annonces, on aspire à un meilleur salaire, on veut évoluer, on veut se sentir mieux, être épanoui, et ce, selon son âge, ses aspirations, les aléas de la vie...
Ne serait-ce pas NORMAL, la nouvelle normalité, d'avoir plusieurs expériences de vie, avec plusieurs personnes, notre réalité des années 2000... ?
On nous aurait donc juste bercé d'illusions depuis notre enfance...
Comment ces générations (20-30-40 ans) pourraient réussir là où nos parents ont déjà échoué en répétant et en accomplissant le scénario idéal et rêvé de leurs parents (nos grands parents), quand eux-mêmes ont/ont eu (pour la plupart!) du mal à vieillir ensemble.
Alors nous...
On a IDEALISé ! On a créé un écart entre le conte de fait et la réalité
Ne serait-ce pas à nous d'accepter une nouvelle norme, en faisait des bouts de chemin de vie avec différentes personnes, en acceptant les fins, en réalisant de grandes choses à différentes étapes, et ne cessant jamais d'évoluer, ajuster, grandir, et comprendre.
Pour conclure
j'attire tout de même votre attention sur un point :
si visiblement les amours se conjuguent au pluriel aujourd'hui, que nous voyons la vérité et la vie telles qu'elles sont et l'acceptons, ce n'est pas pour autant et je ne suis pas en train de dire qu'il faut multiplier les relations et justement céder à la facilité des rencontres avec donc tous les moyens dont on dispose de nos jours pour toujours trouver (sans cesse) si l'herbe est plus verte ailleurs.
On ne doit pas perdre nos valeurs, ni se perdre. Mais cela ne dépend que de nous.
Il ne faut pas par abnégation sous prétexte que nous vivons dans une société de consommation et un monde hyperconnecté, transformer les personnes en produits, les êtres ne sont pas des mouchoirs qu'on jette après usage.
Une relation doit certes vous permettre d'être vous-même, épanoui et heureux, il doit en découler un sentiment de bonheur naturel mais il arrive aussi parfois des épreuves, des moments plus durs où l'on doit faire des efforts, aller puiser plus d'énergie, des fois chacun son tour, des fois à deux, pour toujours se comprendre, ajuster et communiquer.
Autrement comment espérer vieillir ensemble !?
Ne cédez jamais facilement.
Si je renonce au conte de fée d'un seul grand amour pour l'éternité, j'ose croire tout de même que les belles valeurs sont immuables, que la volonté, la fidélité, la communication, dans chaque être et dans chaque couple, existent encore ! Et seraient peut-être le secret de la longévité.
Sandra <3
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